Vivre Vite - Brigitte Giraud

Vivre Vite – Brigitte Girraud (FR)

Il y a ce fil qui se tend, et on s’imagine que tout aurait pu être diffèrent. Ce sont ces choix, ces possibilités, ces décisions, ces portes de la vie que l’on ouvre, ou ferme, ce « cours des choses » que l’on ne maitrise pas entièrement - voire pas du tout - mais que l’on laisse aller.

C’est ce que nous raconte Brigitte Giraud. Elle nous raconte ce « cours des chose », une inspiration puisée dans le travail des artistes Fichli – Weiss. Leur film offre une suite d’évènements qui s’enchaine, se déduit, mais qui reste tout de même incertain, comme un champ de cause à effet qui pourrait s’arrêter à tout moment… jusqu’à ce qu’une catastrophe se produise, un accident tragique, ici, dans ce livre, une mort prématurée. C’est l’histoire d’une époque, d’une relation de couple, mais surtout celle d’une chute mortelle, celle du mari de Brigitte Giraud, tombant au démarrage de la moto Honda 900 ‘FireBlade’ en juin 1999, à l’âge de 41 ans.

Je ne m’attendais pas à être si bouleversée par ce livre. Certains lecteurs sont apparemment restés insensibles face à l’écriture, et moi, je m’y suis plongée totalement, jusqu’à avoir plusieurs fois les larmes aux yeux, et même pleurer à certains passages. C’est, je crois, cette fragilité de la vie, que l’on ne mesure pas vraiment, qui se révèle à travers les pages. Brigitte Giraud joue – et se venge - du destin en imaginant comment tout aurait pu être autrement, avec une proposition de chapitre formés autour de ces « et si », qui aurait tous pu changer la donne. Et si…

Ai-je été aussi touché par ces lignes en raison de la disparition tragique et brutale d’une ancienne amie de lycée, morte dans un accident de vélo en mars 2023 ?  Peut-être. Je n’ose pas imaginer la douleur que ses proches doivent endurer et je leur envoie beaucoup de pensées. Elle était si jeune, 32 ans. Je reste sans voix et bien sûr, je pense à ma propre fragile existence. Je viens de fêter mes 33 ans et je me dis que ce n’est pas un âge symbolique pour rien. On quitte définitivement l’insouciance de la jeunesse, on donne une forme plus concrète a sa vie tout en nourrissant ses rêves, que l’on ajuste en fonction de ses aspirations et expériences. C’est comme une nouvelle forme de départ, et M. n’aura jamais cette chance de le vivre. Ça me rend si triste. Même si l’on avait perdue contact depuis de nombreuses années, je garde des souvenirs d’elle remplis de joie, d’activisme et de culture, et de gentillesse.

Je reste encore sous le choc de sa mort, de cette vie qui disparait en un claquement de doigt. Brigitte Giraud le raconte avec émotion, tout en s’exposant de manière juste et vraie. Si vous avez le temps – et le cœur - n’hésitez pas à vous arrêter pour lire ce très beau roman.

Bonne lecture,

Soline MJ

Vivre Vite ("Live Fast") – Brigitte Giraud (ENG)

There is a thread that stretches, and one imagines that everything could have been different. It's about choices, possibilities, decisions, the doors of life that we open or close, the "way things go", that we don't fully control - or sometimes not at all - but that we let unfold.

That's what Brigitte Giraud tells us. She tells us about the " way things go" drawing inspiration from the work of artists Fichli - Weiss. Their film presents a series of events that chain together, deduce from one another, but still remain uncertain, like a field of cause and effect that could stop at any moment... until a catastrophe occurs, a tragic accident, here, in this book, a premature death. It is the story of an era, of a couple's relationship, but above all, it is the story of a deadly fall, that of Brigitte Giraud's husband, who fell at the start of the Honda 900 'FireBlade' motorcycle in June 1999, at the age of 41.

I did not expect to be so deeply moved by this book. Some readers apparently remained unaffected by the writing, but I immersed myself in it completely, to the point of having tears in my eyes several times, and even crying at certain passages. It is, I believe, this fragility of life, which we don't truly measure, that reveals itself through the pages. Brigitte Giraud plays - and avenges - destiny by imagining how everything could have been different, with a proposal of chapters formed around these "what if" scenarios, any of which could have changed the outcome. What if...

Have I been so moved by these lines because of the tragic and sudden loss of a former high school friend who died in a bicycle accident in March 2023? Perhaps. I can't imagine the pain that her loved ones must endure, and I send them my thoughts. She was so young, only 32 years old. I am speechless, and of course, I think about my own fragile existence. I just celebrated my 33rd birthday, and I realize that it's not a symbolic age for nothing. We definitively leave behind the carefree nature of youth, giving a more concrete shape to our lives while nourishing our dreams, which we adjust based on our aspirations and experiences. It's like a new form of departure, and she will never have the chance to experience it. It makes me so sad. Even though we hadn't been in touch for many years, I have memories of her filled with joy, activism, culture, and kindness.

I am still in shock from her death, from this life that disappears in the blink of an eye.  Brigitte Giraud tells it with emotion, while exposing herself in a just and truthful manner. If you have the time - and the heart - I encourage you to take a moment to read this beautiful novel.

Happy reading,

Soline MJ